Le Carnaval des Mots Nouvelles œuvresEXPOSITION Collectiveà la
GALERIE20VOSGES
jusqu'au 15 Janvier 2020à propos du CARNAVAL DES MOTS II J. Dor -
En lisant ces petites invitations à penser qui forment l'essentiel du Carnaval, on est confronté à des jeux de sens, à des associations d'idées poétiques, mais très vite on se dit, qu'au-delà du côté ludique, c'est bien autre chose qui est en jeu au cœur de cette fusion écrit-peinture ?D. Chock - C’est une promenade.
Le Carnaval des mots est une invitation, une proposition de rencontre avec d’autres promeneurs. Il est aussi comme une photographie du corps social dans sa grande diversité, et ces petits « résumés de vie » me sont inspirés par les humains que je croise, y compris moi-même.
Les jeux de sens sont des petites fulgurances qui entretiennent avec l’image un rapport dialectique très vivifiant pour l’esprit: on passe du dedans au dehors le l’image, en créant comme des ensembles mathématiques que viennent peupler nos êtres ou nos pensées… c'est ludique et intellectuellement jouissif.
Mais ces fulgurances nous racontent. Elles sont ancrées dans le corps et dans l'œuvre, c'est-à-dire dans l'image, la couleur, la matière comme les mots sont ancrés dans nos corps. L’être est cette chose réunie faite de corps et de langage, et c’est ainsi que cette combinaison peinture/jeu de sens est une interpellation mnésique : ça me rappelle quelque chose… et cathartique: c’est un miroir!
Ce qui est en jeu dans cette fusion
écrit/peinture, c’est l’Être.J. Dor -
Comment ces formes émergent t-elles, l'inspiration est - elle d'abord le verbe ou d'abord l'image ?D. Chock - Voilà la question la plus embarrassante qui soit. Images et verbes sont consubstantiels. Peut-on imaginer diviser l’être en sa part de chair et sa part de langage? Je ne me pose aucune question lorsque je peins . Ce sont des personnages parlant qui s’agitent lorsque je travaille et agitent mon esprit.
Les formes émergent donc de ce que m'inspire l'humain dont j'aime observer les mouvements du corps et de l'esprit, qu'ils soient conscients ou inconscients.
J. Dor -
Comparer au travail d'autres artistes, Ben notamment, quelle est la place ici, la dimension, de l'écrit ? En quoi est-elle singulière autrement ?D. Chock - Des peintres ont utilisé l'écriture comme signe graphique, pas nécessairement lisible. D'autres ont titré leur toile, d'autres ont incorporé du texte venu d'ailleurs, d'autres encore comme malgré… ben miss tic…
En ce qui me concerne, l'écriture est dramatique, au sens théâtral, c'est-à-dire parole. mes jeux de sens s’entendent : ce n’est pas seulement la vue mais aussi l’oie et la parole qui s’anime pour évoquer et percevoir du vivant.
Réaliser que l’écriture et l’image font corps c’est comprendre que l’être est fait de langage. Mon travail est d’aller chercher une sorte de langue maternelle et de provoquer deux de petits soubresauts de l’âme avec des mots. Cette langue maternelle commune à tous es ça dont souvent celle du langage un conscient. La singularité de mon écriture dans la peinture c'est quelle est parole .
Ma plus grande récompense est lorsque cette parole émeut, met en mouvememt, inspire le passage à l’acte.
J. Dor -
Les formes représentées paraissent le résultat d'une grande volonté de simplification ; la tentation de l'abstrait est-elle présente ? Peut-on imaginer, des compositions de mots qui ne seraient relayés d'aucun élément figuratif ?
D.Chock - Oui, on peut l’imaginer. C'était le cas dans le premier Carnaval : des mots « mis en scène » graphiquement : la force d'une césure, la réécriture, l’homophonie, l'homonymie peuvent suffire… mais si il est vrai que j'avais conçu ce premier Carnaval des mots sous forme de cartes postales, autrement dit, de petites paroles à envoyer.
La simplification n'est pas tant dans la volonté d’abstraction. Elle est le souci de rester centré sur du symbolique et des figures communes: imaginons une scène primitive est comptons: la lune, Le soleil, les étoiles, La forme humaine devrait suffire. Je rajoute des portes, des fenêtres, des escaliers, des tourbillons, Des ailes… on est toujours tenté d'ajouter du figuratif mais j’évite. Je me limite au figures les plus communes.